Nous ne nous tairons plus: pratiques féministes de la radio et leurs contextes (1975-2000)
Ce site propose en libre accès le contenu du livre Nous ne nous tairons plus: pratiques féministes de la radio et leurs contextes (1975-2000) édité en 2025 par les Archives contestataires. L'ouvrage fait suite à une journée d'étude qui s'est déroulée le 12 octobre 2023 à Genève autour des pratiques féministes de la radio. Il vient conclure un programme de numérisation, description et valorisation des archives sonores de deux émissions de radio féministes genevoises: Radio pleine lune et Remue-ménage.
Ce site rend accessible les différentes contributions qui composent le volume ainsi que les extraits sonores qui illustrent les articles. Il est possible de commander l'ouvrage papier en écrivant à reservation@archivescontestataires.ch
:: Sommaire ::
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Juliette Volcler, «Pirater les pirates»
« Ne haïssez pas les médias, soyez les médias », en 1999, le slogan de la plateforme collaborative Indymedia invitait chacune et chacun à développer un « journalisme citoyen » sur Internet. Nouveau moment de lutte, avec l’émergence de l’altermondialisme pour s’opposer à la mondialisation néolibérale, notamment lors du sommet de l’OMC à Seattle.
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Archives contestataires, «Pratiques féministes de la radio. Une histoire d'archives et de sons»
En 2011, Viviane Gonik nous confiait une dizaine de cartons de tailles et de formes diverses remplis de cassettes audio. C’étaient les archives sonores de Radio pleine lune, l’émission féministe diffusée tous les mercredis sur les ondes de Radio Zones et dont Viviane avait été une des productrices. Près de 200 émissions sont conservées sur un total difficile à définir précisément. Tout un monde de paroles et de musiques contenu dans des supports désormais trop fragiles pour être réécoutés sans risquer de les détruire.
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Anne-Christine Schindler, «Les Wellenhexen. Contre-culture féministe sur les ondes»
Les Sorcières des ondes ont laissé peu de traces. Parmi celles qui subsistent se trouve un tract. On y voit une sorcière comique avec un micro, assise devant des appareils de transmission et d’enregistrement et on peut y lire « nous reviendrons » (mir chömmed wider) ainsi que des dates et des heures. C’est par ce genre de tracts que les radios pirates annonçaient leurs émissions.
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Géraldine Beck, «"Le mouvement des femmes comme racine et horizon". Pratiques de la radio par le mouvement féministe genevois»
Au printemps 1976, la Nouvelle gauche genevoise est captivée, quelques soirées durant, par la diffusion d’une série d’émissions de radio produite par un groupe de pirates du coin. Émise illégalement sur la fréquence 101MHzs, elle s’appelle Radio pirate 101 et présente des contenus contestataires en lien avec les luttes locales. Les animatrices et animateurs dénoncent la crise, le chômage, la pollution, la circulation en ville, les mauvaises conditions de travail, le pouvoir médical, l’armée… le tout sur un ton parodique, accompagné de montages de diverses prises de son et de musique, dans un format court (environ 20 minutes) pour empêcher les PTT de retrouver l’émetteur.
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Fiona Prieur, «Du privé au politique. Les émissions de Radio pleine lune comme espace du dicible féministe»
Tous les mercredis soir entre 1981 et 1999, la station communautaire Radio Zones diffuse les émissions de Radio pleine lune. Animées par des militantes issues de L’Insoumise, un groupe du Mouvement de libération des femmes genevois, ces émissions s’inspirent des principes méthodologiques du mouvement féministe des années 1970 1. Le Mouvement de libération des femmes (MLF) inscrit notamment dans ses principes fondamentaux l’idée de politisation du privé.
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Ingrid Hayes, «La place des femmes à Radio Lorraine Coeur d'Acier. L'émancipation par les marges?»
Radio Lorraine Cœur d’Acier (LCA), radio syndicale mise en place par la Confédération générale du travail (CGT) à Longwy, dans l’est de la France et qui émit de mars 1979 à juillet 1980, n’est ni une radio féministe ni un lieu d’intervention pour les féministes. Pourtant, nous faisons le pari que tant l’expérience que les sources permettent d’apporter des éléments à la réflexion à propos de ce que le cadre radiophonique autorise ou non en matière d’émancipation des femmes, mais aussi à propos de ce que les sources radiophoniques peuvent apporter à l’analyse historique.
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Mathilde Leroy, «Femmes libres. Une émission anarcha-féministe sur Radio libertaire (1986-1999)»
Femmes libres est une émission de radio crée par Nelly Trumel en mai 1986 et diffusée sur l’antenne de Radio Libertaire, la radio de la Fédération Anarchiste (FA) en France. L’émission, pensée d’abord comme éphémère pour participer à la célébration du cinquantième anniversaire de la Révolution espagnole finit par se maintenir.
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Marc Colin, «Les radios pirates contre le monopole»
Les pratiques féministes de la radio émergent dans les années 1970 durant un tournant décisif de l’histoire des médias, celui de la libéralisation du secteur audiovisuel. Ce processus aboutit à l’abolition successive des monopoles de service public mis en place entre les années 1920 et 1930 dans la plupart des pays européens.